Musea Brugge a pu acheter une peinture de Joseph-Benoît Suvée représentant la Nativité de la Vierge Marie. Cette acquisition sera la première toile de Suvée avec un sujet religieux figurant dans la collection de Musea Brugge.
Cette œuvre était une étude préparatoire pour la grande toile de Suvée qui se trouve actuellement dans l’Église de l’Assomption à Paris, mais qui était en fait destinée à l’église des Récollets de Ypres, entre-temps disparue. 'La Naissance de la Vierge' est considérée par les connaisseurs du peintre comme étant son chef-d’œuvre en matière d’art religieux. Bien que Joseph-Benoît Suvée (Brugge 1743 – Rome 1807) ait réalisé au cours de sa carrière plusieurs autres grandes peintures à thématique religieuse, peu d’entre elles sont conservées en Flandre. 'La Résurrection du Christ', qui se trouve dans l’église Sint-Walburga de Bruges, figure depuis 2020 dans la liste dressée par la communauté flamande comportant les pièces maîtresses de son patrimoine. L’église Sint-Martinus de Ypres est ornée d’une autre peinture fort intéressante de Suvée, ' L’Adoration des Anges'.
'La Naissance de la Vierge' a été peinte à un moment charnière de la carrière de l’artiste peintre, alors que Suvée vient d’être officiellement agréé par l'Académie Royale' de France et qu’il participe pour la première fois au Salon du Louvre. En fait, cette toile est toujours restée en France et n’est jamais arrivée jusqu’à sa destination originellement prévue, à Ypres. En 1779, après avait apporté la dernière touche à cette œuvre à Paris, convaincu de son talent et de la valeur de la peinture, il la présenta au Salon de la même année qui se tenait à Paris, où elle connut un vif succès. Son intention étant, une fois le salon terminé, d’envoyer à Ypres 'La Naissance de la Vierge', ensemble avec 'L’adoration des Anges'. Mais à la suite d’un désaccord entre l’artiste et ses commanditaires concernant le prix, la toile restera finalement à Paris.
Suvée doit avoir conservé dans son atelier jusqu’à la fin de sa vie cette étude pour la Naissance de la Vierge, si on se base sur l’inventaire de ses avoirs et du catalogue de mise en vente établis après son décès en 1807 . Cette ébauche à l’huile a ensuite rapidement été achetée par Julien-Victor Veyrenc (1756-1837), un artiste et collectionneur qui a fait de nombreux dons au Musée de Valence. Ce n’est qu’en 2016 que les descendants de Veyrenc firent la redécouverte de cette peinture, qu’ils décidèrent de mettre en vente sur le marché de l’art. C’est ainsi que Musea Brugge a eu récemment l’occasion d’en faire l’acquisition à Paris, dans la Galerie Jacques Leegenhoek. Ce modello – ou ébauche – peint à coups de pinceau dynamiques, met bien en lumière le style personnel de l’artiste, peut-être mieux encore que ces peintures achevées. Cette étude, qui constitue une étape intermédiaire du processus de travail d’une grande œuvre historique, en revêt d’autant plus de valeur.
La scène se déroule dans la demeure d’Anne et de Joachim, les parents de Marie. Toute l’attention se concentre sur le groupe de personnages au centre, avec le nouveau-né dans les bras de sa nourrice. Une jeune dame voilée observe cette scène intime accompagnée de ses deux enfants. Une autre femme, gracieusement agenouillée, semble comme vouloir attirer l’attention de la compagnie à l’arrière-plan sur le premier bain donné à Marie. À droite, Anne alitée après avoir accouché, est flanquée d’une servante et de son mari, le vieillard Joachim, émerveillé par cet événement miraculeux qu’il rapporte sur une tablette.
Image du tableau définitif: Suvée, La Naissance de la Vierge, Musée du Louvre