Avec non moins de neuf œuvres dans notre collection, dont sept sont reprises dans la liste des chefs-d’œuvre flamands1, Musea Brugge gère la deuxième plus grande collection Memling au monde. Pour percer les secrets de ce grand Primitif flamand, nous allons ces prochaines années étudier en profondeur les œuvres en question en recourant à des technologies de pointe. Nous allons aussi les rendre accessibles au public grâce à des applications numériques innovantes. Vous pouvez suivre le projet sur cette page. Nous ajoutons régulièrement des mises à jour sur l’avancement des recherches.
L’annonce a été faite début 2023 : Musea Brugge peut consacrer une somme de 1,2 million d’euros, composée en partie de subsides flamands et en partie de fonds propres, à des recherches prestigieuses et de grande envergure sur les œuvres de Hans Memling. Que va-t-il se passer exactement ? En quoi consistent ces recherches et quels résultats vont-elles donner ?
La première phase du projet d’étude a démarré le 24 avril 2023. Pendant quatre mois, sept œuvres de Hans Memling, qui font partie de notre collection et sont exposées à l’hôpital Saint-Jean, ont subi l’une après l’autre un examen approfondi. Une équipe de spécialistes de l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA) s’est rendue à Bruges pour enregistrer des images de ces œuvres avec des appareils dernier cri et des technologies de pointe.
Du 18 janvier au 28 février 2024, l’équipe de spécialistes a ensuite travaillé dans la salle 6 du Groeningemuseum, où elle a enregistré des images des deux autres œuvres de la collection Memling brugeoise.
L’IRPA a réalisé d’une part des macro-photographies des œuvres avec un appareil numérique à haute résolution sous différents éclairages (lumière visible, lumière rasante, infrarouge et fluorescence ultraviolette). D’autre part, les spécialistes de l’IRPA ont recouru à l’imagerie par réflectographie infrarouge pour produire des images à l’aide d’un autre appareil spécial.
Existe-t-il donc plusieurs sortes de lumière ? Pas tout à fait. Partout autour de nous, il y a du rayonnement électromagnétique. Ce que nous appelons lumière – il faudrait dire « lumière visible » – est la partie du rayonnement électromagnétique que l’être humain peut voir à l’œil nu. Il existe aussi un rayonnement que nous ne voyons pas, mais que nous sentons parce qu’il dégage de la chaleur. C’est l’infrarouge. Enfin, il y a le rayonnement ultraviolet, qui est lui aussi invisible pour les êtres humains (mais que certains animaux perçoivent). Grâce à des inventions technologiques formidables, nous pouvons désormais capter ces rayonnements invisibles avec un appareil spécial et les convertir en images qui sont lisibles pour nous. C’est exactement ce que nous avons fait avec les œuvres de Memling.
Ces nouvelles images techniques nous permettent d’étudier les différentes couches d’un tableau: l’infrarouge fait apparaître le dessin sous-jacent, l’ultraviolet nous éclaire entre autres sur la couche de vernis et sur les restaurations que le tableau a subies dans le passé. Nous obtenons ainsi des informations sur l’état de conservation de l’œuvre, la technique de l’artiste et les éventuelles modifications apportées au tableau. Les images servent de base à l’étude approfondie qui sera menée à l’avenir.
Les images techniques des neuf œuvres de Memling ont ensuite été traitées. Ce travail a pris plusieurs mois. Pourquoi ce traitement dure-t-il si longtemps ? Les tableaux ont été photographiés par petits bouts de parfois 7,5 x 10 cm seulement. Toutes ces images ont dû être assemblées, c’est ce qu’on appelle le « stitching ». Ce travail, qui demande beaucoup de temps, rend les images très lourdes (jusqu’à 80GB pour une seule image). Mais le résultat en vaut la peine : des images extrêmement nettes et précises à ultrahaute résolution.
Pour ouvrir l’étude technique de la collection Memling au grand public, nous avons lancé trois projets de numérisation : une présentation audiovisuelle interactive dans le grenier du Musée Hôpital Saint-Jean ; un circuit de promenade dans la ville, avec géolocalisation des lieux où l’artiste a vécu et travaillé au xve siècle, pour tous ceux qui veulent explorer Bruges et découvrir Memling d’une manière originale ; et un site internet, où nous rendons les tableaux et la recherche accessibles au public, et où les visiteurs peuvent observer les tableaux et leurs détails somptueux en très haute résolution. Nous y présenterons aussi les résultats de l’étude scientifique.