Khnopff réunit deux dessins énigmatiques dans un cadre doré. En haut, un dessin au pastel avec un portrait de sa sœur et muse Marguerite. Elle caresse la bouche d’un masque qui gardera un secret. En bas, un dessin à la mine de plomb qui représente la façade latérale de l’hôpital Saint-Jean, mais aussi et surtout le reflet de celle-ci dans l’eau. Pour un symboliste, ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui comptent, mais bien leur reflet.
Chef-d'œuvre flamand
Fernand Khnopff a eu une grande importance pour la photographie. Même s’il prétendait ne rien connaître à la technique, il est apparu après son décès qu’il possédait des appareils photos de pointe et des manuels techniques sur la photographie. Une quarantaine d’épreuves photographiques ont en outre été trouvées dans ses archives, lesquelles ont pour la plupart été utilisées pour la production de ses propres œuvres. Ces photos servaient d’études préliminaires et constituaient un stock de photos souvenirs.
Pour le dessin au pastel (Secret), Khnopff s’est basé sur une photo parfaitement mise en scène de sa sœur Marguerite, qu’il a fait poser dans de lourds vêtements devant un fond de draperies décorées de motifs de plumes de paon. Notons que cette photo est d’une exécution parfaite sur le plan technique, tant par sa netteté que par son exposition : ce n’est certainement pas du travail d’amateur. Khnopff aurait-il pris lui-même cette photo, ou en aurait-il seulement assuré la mise en scène et aurait-il confié l’exécution technique à un photographe professionnel ? En tout cas, il a reproduit minutieusement la photo dans son dessin, mais de manière plus floue. Il en a fait une vision onirique symboliste idéalisée.
Pour la vue de Bruges, Khnopff a probablement utilisé des photos du photographe anversois Gustave Hermans. En les cadrant différemment, il leur a toutefois conféré un caractère mystérieux, presque mystique.