Dans de nombreuses cultures, la tradition veut que l’on décore la nourriture ou qu’on lui donne une forme particulière à certaines occasions. Songez aux figurines en chocolat que vous achetez à la Saint-Nicolas et à Pâques. Dans la vitrine à droite, vous découvrirez à coup sûr un motif qui vous plaît parmi les formes et les moules exposés.
Les patacons, dans la vitrine sur le mur de gauche, sont en général beaucoup moins connus. Ce sont des rondelles de terre cuite avec lesquelles le boulanger décorait les pains aux raisins pendant la période de Noël et du Nouvel An. La tradition remonte au moins au xvie siècle et était répandue dans une grande partie des Pays-Bas et du nord de la France. Jusque dans les années 1940, on trouvait des pains et des gâteaux décorés de patacons dans les boulangeries de Flandre-Occidentale pendant les fêtes de fin d’année.
Le mur est couvert de planches à biscuits et moules à spéculoos. La pâte est poussée dans le moule, puis elle en est ressortie avant d’être cuite. Les boulangers s’échangent parfois leurs planches à biscuits. Voilà pourquoi ils gravent leurs initiales au dos de la planche comme marque de propriété.
Le tableau de Jan Garemijn dans cette salle a bien sûr aussi quelque chose à voir avec le métier de boulanger. Il s’agit en fait d’un volet à placer devant la fenêtre. L’homme représenté tient dans les bras un panier de croustillons. Si vous lisez le vers dans le bas du tableau, vous connaîtrez directement son nom.
Les « pandspekken » ou papillotes sont une vieille tradition liée à la foire de mai (kermesse brugeoise) : des bonbons emballés dans un papier couvert de rimes. D’authentiques poésies pleines de sagesse populaire, surtout à propos de l’amour et du mariage. Raison pour laquelle les « pandspekken » sont surtout populaires auprès des jeunes célibataires qui offrent ces bonbons à leur amoureux ou leur amoureuse.
Les spéculoos à l’effigie de saint Nicolas sont à l’origine aussi un cadeau d’amour ou de mariage. Car saint Nicolas n’est pas seulement l’ami des enfants, il est également le saint patron des amoureux. Sur ce moule à spéculoos, saint Nicolas est accompagné de trois enfants qui se trouvent à l’intérieur d’un tonneau. D’après la légende, saint Nicolas aurait ressuscité ces trois enfants qui avaient été tués par un boucher.
Le nom de ces rondelles varie d’une région à l’autre : patacon, écu, macaron, rondelle, nombril, rond de cougnolle… Le terme « patacon » viendrait de « patagon », une pièce d’argent espagnole qui fut frappée aux Pays-Bas entre 1612 et 1711. Écu est aussi le nom d’une monnaie ancienne. Pur hasard ? Peut-être ces noms font-ils référence à la coutume qui consistait à décorer les pains de fête avec des pièces de monnaie, histoire d’en accroître la valeur. Sur des tableaux anciens, on voit ainsi des riches faire la charité aux pauvres en leur offrant des pains avec une pièce de monnaie. Il se peut aussi que les deux traditions – celle des pains décorés de pièces de monnaie et celle des pains ornés de patacons – aient simplement coexisté.
Le nom et la forme des patacons varient, les motifs aussi : saints et personnages bibliques, fleurs et animaux, scènes diverses tirées de la vie quotidienne de l’homme ordinaire. À côté de la forme ronde typique, on trouve aussi des patacons en forme de masque ou de tête, surtout des personnages portant une mitre ou des soldats. Cette diversité fait des patacons un objet de collection prisé.
En lieu et place des gâteaux et autres cupcakes, nos ancêtres font des biscuits et des pains pour les grandes occasions. Les pains de fête sont décorés de patacons. Une telle pâtisserie, appelée « biscuit des anges » ou « ange Gabriel » à Bruges, était un cadeau typiquement offert par les parrains et marraines à leurs filleuls.
Un « vollaard » ou folard est fait de farine de blé blanche, considérée comme un produit de luxe à une époque où on ne mangeait que du pain noir. Un pain spécial, donc, pour la période des fêtes de fin d’année. Le folard a une forme caractéristique : c’est un pain allongé, avec une boursouflure aux deux extrémités. Une forme qui fait un peu penser à un bébé emmaillotté.