Au xve siècle, Bruges est un centre d’art et de culture connu bien au-delà des frontières. La ville doit sa réputation à deux choses : la prospérité de ses habitants et le bon goût de ses dirigeants, les ducs de Bourgogne.
À l’origine, les ducs exerçaient leur pouvoir depuis Dijon, mais sous Philippe le Bon (1396-1467), le centre de gravité se déplace vers les Pays-Bas. Philippe passe beaucoup de temps à Bruges et y lance généreusement ordres d’achat et commandes. Églises, ordres religieux, administration de la ville, corporations, riches particuliers : tout le monde suit l’exemple du duc. Bruges attire dès lors une multitude d’artistes.
Le style raffiné dans lequel ils travaillaient est connu sous le nom de « gothique international ». Il a vu le jour en France, mais les artistes du Nord y ont ajouté un réalisme saisissant.
Voici le jeune Charles Quint, né en 1500. Charles porte le nom de son arrière-grand-père, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire. Il doit avoir une vingtaine d’années ici. Observez le collier de l’Ordre de la Toison d’Or, que nous avons également vu autour du cou de Louis de Gruuthuse.
Cinq ans plus tôt, le 18 avril 1515, le prince « Charles de Habsbourg », comme on l’appelait alors, faisait sa joyeuse entrée à Bruges. Un évènement spectaculaire avec des tableaux vivants, des constructions provisoires et des cris d’allégresse dans les rues. À cette occasion, la ville exhorta le jeune souverain à l’aider à retrouver le chemin de la gloire.
À l’époque bourguignonne, on aimait les spectacles et autres démonstrations de faste à caractère plus durable. « On », c’était la cour, l’administration de la ville, les riches associations telles que les guildes et les corporations, mais aussi les citadins. Vous voyez des exemples de ce faste dans cette salle, notamment les vitraux de la chapelle des peintres et verriers brugeois dans la Zilverstraat, ainsi que la statue de saint Michel. Elle a été faite pour la guilde des Hallebardiers.
Les détenteurs du pouvoir faisaient faire leur portrait par les meilleurs peintres
Les détenteurs du pouvoir faisaient faire leur portrait par les meilleurs peintres et sculpteurs. Un tel portrait officiel était ensuite diffusé. Le buste de Charles Quint en est un bel exemple. Il en existe plusieurs exemplaires, dans des villes différentes et tous légèrement différents. L’original a peut-être été conçu par l’artiste allemand Conrad Meit. Meit travaillait à Malines, où il était attaché à la cour de la tante et tutrice de Charles, Marguerite d’Autriche.
L’exemplaire brugeois a été restauré à plusieurs reprises. Seule la tête en terre cuite est toujours du xvie siècle. Lorsque la Société archéologique de Bruges a reçu la statue en 1882, tout le monde pensait encore qu’elle représentait le duc de Bourgogne Philippe le Beau. Mais c’est le père de Charles.
Ces deux vitraux proviennent d’une chapelle aujourd’hui disparue de la Noordzandstraat, qui appartenait à la corporation des peintres, verriers et selliers et fut décorée des plus belles œuvres. Les ducs de Bourgogne utilisaient volontiers cette chapelle. Il faut dire qu’elle était toute proche de leur résidence, le Prinsenhof.