Chaque année, ce joyau du XVIe siècle quitte le musée pendant une semaine. Au cours de cette semaine, il pend une journée durant au cou d’un roi ou sire. D’où son nom de chaîne de sire.
Ce sire est le roi de la guilde : il a abattu l’oiseau au Tir du Sire des Francs Archers de Monseigneur Saint Sébastien à Sint-Kruis, près de Bruges. L’oiseau, vous le voyez au centre, sous le collier de velours. C’est un perroquet.
Les Francs Archers sont une guilde d’archers. Saint Sébastien est leur saint patron et l’arc est leur arme. Le fondateur de la guilde n’est autre que le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, qui l’a créée en 1472. La guilde a donc entre-temps quelque 550 ans. Comme les autres guildes, elle a évolué : la milice urbaine est peu à peu devenue un club convivial. De nos jours, les femmes et les enfants peuvent aussi en devenir membres.
Regardez attentivement la chaîne de sire. Elle est composée d’un collier en velours. Dans le bas du collier, vous voyez, entre les deux lions, les armoiries des Habsbourg. Ils étaient au pouvoir lorsque la chaîne de sire a été utilisée pour la première fois. Au collier sont suspendues des chaînettes avec des écussons et des médailles, et aussi avec l’oiseau. Les écussons et les médailles mentionnent les noms des sires ou rois successifs, et évoquent les évènements marquants de la riche histoire de la guilde.
Le tableau représentant un homme en armure complète est un souvenir d’un de ces illustres évènements du passé brugeois : le personnage qui nous regarde n’est autre qu’Henry Stuart, le troisième fils du roi d’Angleterre Charles Ier. Le 11 juillet 1656, Henry était fait membre de la guilde brugeoise de saint Georges, en même temps que son frère, le roi Charles II. Les frères étaient provisoirement en exil à Bruges. Ils n’avaient pas choisi cette ville par hasard : Bruges entretenait depuis des siècles des liens étroits avec la Grande-Bretagne. Dans l’encadrement du tableau, divers motifs renvoient à la guilde de saint Georges, dont les membres tirent à l’arbalète.