L’essor de l’expressionnisme flamand a commencé dans les années 1920. Ses principaux représentants sont Constant Permeke, Gustave De Smet et Frits Van den Berghe. Avant la Première Guerre mondiale, ils ont vécu et travaillé tous les trois dans le village d’artistes de Laethem-Saint-Martin, près de Gand. À cette époque, ils étaient encore pleinement sous l’emprise de l’impressionnisme. Pendant la guerre, Van den Berghe et De Smet ont séjourné aux Pays-Bas et Permeke en Angleterre. Ils sont alors entrés en contact avec les toutes dernières tendances : le fauvisme, le futurisme et surtout le cubisme français et l’expressionnisme allemand. Sous l’influence de l’avant-garde internationale, ils ont développé leur propre style, dont le point de départ demeurait, en dépit des déformations parfois extrêmes, la réalité identifiable.
La thématique rurale et populaire est caractéristique de l’expressionnisme flamand. Permeke s’intéressait surtout aux pêcheurs et aux paysans. De Smet et Van den Berghe accordaient beaucoup d’attention à la vie villageoise et aux loisirs : fête foraine, cirque, bar, …
Gustave De Smet est le représentant le plus classique de l’expressionnisme flamand. Il a peint cette toile pendant son exil aux Pays-Bas, dans le village d’artistes de Blaricum. Dans le droit fil de l’avant-garde, il a évolué vers un style plus synthétique, avec des formes anguleuses et des couleurs sombres. Le fumeur de pipe schématisé que nous avons devant nous est la représentation d’un type plutôt que d’un individu. Le nu féminin à l’arrière-plan, rythmé par ses multiples facettes, rappelle Picasso.
Les fêtes foraines et les cirques, pour lesquels son père peignait des décors, allaient inspirer De Smet toute sa vie durant. Dans cette composition épurée, l’espace est réduit à un plan bidimensionnel et la palette de couleurs est limitée. Les personnages ont une tête ovale, des yeux en amande, des joues pleines rougissantes, et un cou, des bras et des jambes cylindriques. Ils font penser à l’artiste français Fernand Léger, mais sont aussi inspirés par l’art africain et égyptien.
Enfant, le Gantois Gustave De Smet découvre l’univers des fêtes foraines et des cirques : son père peint des décors pour des chapiteaux de cirque et des tentes de kermesse. Ce sera pour lui une source d’inspiration tout au long de sa vie.
Nous sommes devant un stand de tir. Lorsque De Smet peint cette toile en 1923, il a déjà fait connaissance avec l’avant-garde européenne, notamment le cubisme de Picasso et l’expressionnisme allemand. Cela s’est passé lors de son séjour de plusieurs années aux Pays-Bas, pendant et après la Première Guerre mondiale. Cette rencontre influencera durablement son œuvre.
Brun, rouge et ocre : la palette de couleurs utilisée ici est minimaliste. L’espace est réduit à un plan bidimensionnel, et les quatre personnages sont des types dotés de caractéristiques que nous retrouvons souvent dans les figures de De Smet : une tête ovale, des yeux en amande, des joues rouges et pleines, un cou cylindrique et des bras et des jambes tubulaires.
Gustave De Smet fait partie des expressionnistes flamands qui vivent et travaillent aux alentours de Laethem-Saint-Martin, près de Gand.
Constant Permeke est le représentant le plus connu de l’expressionnisme flamand. Son œuvre est surtout caractérisée par un sens aigu de la monumentalité et des déformations extrêmes. Il met en scène la vie rurale, dans des couleurs terre appliquées avec un généreux empâtement. Assis à une table esquissée de façon rugueuse, un paysan moustachu et un deuxième personnage, presque abstrait, mangent tranquillement de la bouillie à la cuillère.
L’auteur de cette toile, Constant Permeke, est sans conteste le plus connu des expressionnistes flamands, des artistes qui rendent la réalité de manière déformée. Leur style se rattache à un courant européen et a en même temps sa spécificité : la plupart des expressionnistes flamands représentent des sujets de la vie rurale et de la campagne.
Nous sommes à Astene, en 1922, comme vous pouvez le lire en bas à droite. Cet été-là, Constant Permeke peint des scènes de la vie ordinaire des paysans dans ce village de Flandre-Orientale proche de Laethem-Saint-Martin. Il le fait dans des tons bruns, avec une peinture à base de pigments terreux. Certains font un rapprochement avec Rembrandt.
Le repas se déroule en silence à une table grossièrement esquissée. L’arrière-plan est neutre. Un paysan au visage anguleux portant une grosse moustache mange de la bouillie à la cuillère, tandis qu’à sa gauche un deuxième personnage est assis, penché sur une assiette. S’agit-il de sa femme ? Ou d’un enfant ? Le personnage est presque abstrait. Avec sa facture floue et ses lignes grossières, Permeke transforme les villageois qu’il peint en personnages universels.
Frits Van den Berghe n’a peint à la manière expressionniste que pendant une courte période. Entre 1922 et 1926, il a réalisé une série de toiles dans lesquelles la campagne des environs de Laethem-Saint-Martin tient une place particulière. Son sens expressionniste de la forme transparaît dans les personnages robustes, aux déformations presque caricaturales, dans le traitement pictural spontané, l’emploi singulier de la couleur et les contrastes saisissants entre ombre et lumière.
Des personnages robustes, aux déformations presque caricaturales. Un emploi singulier de couleurs chaudes. Des contrastes saisissants entre lumière et ombre… Frits van den Berghe découvre l’expressionnisme européen pendant la Première Guerre mondiale et il va ensuite peindre lui-même dans ce style.
C’est ce que nous observons sur cette toile de 1925. Van den Berghe séjourne à l’époque dans les alentours du village de peintres de Laethem-Saint-Martin, comme beaucoup de ses collègues. La vie villageoise sert de décor à la toile. Nous connaissons des dessins préparatoires de ce tableau sur lesquels un groupe de paysans danse et s’amuse à une fête foraine. Vous en voyez encore des traces à l’arrière-plan.
Remarquons au passage à quel point les vies et les carrières de nombreux expressionnistes flamands se ressemblent : avant la Première Guerre mondiale, ils séjournent à Laethem-Saint-Martin et peignent à la manière impressionniste. Pendant la guerre, ils découvrent dans les pays voisins l’avant-garde internationale, et ensuite ils peignent dans un style expressionniste. C’est surtout pour leur travail expressionniste qu’ils sont connus.
Frits van den Berghe est le peintre le plus lettré et le plus intellectuel du groupe. Cela explique peut-être l’ironie perceptible dans une œuvre comme celle-ci. Et aussi le côté agité du peintre : malgré le succès qu’il remporte avec ses tableaux expressionnistes, Van den Berghe évolue rapidement vers une forme de surréalisme. Ce n’est pas encore le cas ici.
Les paysages brabançons de Brusselmans comptent parmi les plus originaux dans la tradition flamande du paysage. Jusqu’à sa mort en 1953, il a toujours vécu et travaillé dans la misère à Dilbeek. Il y trouvait l’inspiration dans le paysage du Pajottenland, à l’ouest de Bruxelles. Il l’a dépeint à toutes les saisons, comme dans ce paisible paysage hivernal débarrassé de tout détail superflu.